Pour bien comprendre le fonctionnement global du cycle de l’eau sur les continents il faut raisonner par bassin versant.
Il faut voir le bassin versant comme un château d’eau, ce château d’eau est alimenté par les pluies et les pluies sont provoquées à 70% par l’évapotranspiration, donc par la végétation. La rivière est le drainage naturel du bassin , comme 30% des pluies proviennent de l’évaporation en mer, si on ne veut pas que le bassin se vide la rivière ne doit pas rejeter plus de 30% des précipitations. Ce système fonctionne bien quand le bassin versant est couvert de foret de feuillus parce que les arbres utilisent 70% des précipitations pour alimenter le cycle (par rétention dans les sols) et ne laisse repartir à la mer que les 30% d’excès.
Actuellement les rivières françaises rejettent plus de 70% des précipitations ce qui provoque des inondations, un assèchement mathématique du bassin et des canicules puisque la végétation n’aura pas suffisamment d’eau pour entretenir le cycle et évacuer la chaleur.
Les arbres assurent de façon autonome (et depuis des millions d’années) le bon fonctionnement du cycle de l’eau parce qu’ils assurent une évaporation proportionnelle à la chaleur et donc régule parfaitement le climat. Plus il fait chaud plus la végétation transpire, la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère augmente et limite la puissance du rayonnement solaire qui arrive jusqu’au sol (effet parasol) . Quand la température baisse la quantité de vapeur d’eau diminue (par condensation ) et les sols reçoivent un peu plus d’énergie solaire. Ce système s’autorégule tant qu’il y a de l’eau et donc de la végétation dans les bassins versants. C’est pourquoi les zones tempérées de la planète sont couvertes d’eau ou de végétation; c’est pour cela aussi que les déserts sont caractérisés par le manque de végétation et de fortes crues dès qu’il pleut !
Les forets de feuillus gardent 70% des pluies dans les sols grâce à la profondeur du système racinaire des arbres mais surtout à la forte incorporation de biomasse dans les sols. un arbre a globalement le même volume de bois au dessus du sol qu’en dessous, ce système racinaire (comme les branches) se renouvelle en permanence, la biomasse créée dans les sols par les racines mortes fait office « d’éponge » qui servira à alimenter l’arbre. C’est un système parfaitement autonome ou les sols s’enrichissent fortement même si on exploite le bois en surface.
Quand on dit que les sols agricoles se minéralisent c’est qu’ils perdent leur biomasse et ils perdent leur biomasse parce qu’ils n’en fabriquent pas assez ! Sans biomasse les sols deviennent trop perméables, les eaux qui alimentent les nappes phréatiques ne sont pas assez filtrées et les cultures manquent rapidement d’eau. La période idéale pour faire de la biomasse (et donc de la photosynthèse) c’est l’été mais pour cela il faut de l’eau, comme en France on diminue les surfaces irriguées de 10% par an pour alimenter des villes qui ne recyclent pas l’eau on amplifie la désertification, on s’attaque sérieusement à notre sécurité alimentaire , on détruit la biodiversité (un sol sec c’est un sol mort) et on en arrive même à dérégler le climat. Contrairement aux idées reçues, l’irrigation n’assèche pas le bassin versant mais au contraire participe à son alimentation : 2 litres d’eau évaporée apporte 3 litres de pluies !
En France, depuis 30 ans la pluviométrie ne change pas mais c’est la répartition annuelle des pluies qui se dégrade : fortes précipitations l’hiver et sécheresse l’été. On réglera le problème en veillant à ce que les rivières ne rejettent pas plus que 30% des précipitations , pour cela il faut faire des réserves collinaires en tête de bassin pour capter les ruissellements de surface, réguler le débit des rivières à partir de ses réserves (ce qui limitera les inondations et les assecs, exactement ce qui a été fait pour la Seine avec les quatre grands lacs) ) , recycler l’eau dans les sols (donc aucun rejet en rivière) et végétaliser au maximum l’été. La suppression des retenues sur les cours d’eau provoquent des inondations et un assèchement du bassin, les retenues créent des zones humides qui maintiennent l’eau dans le bassin versant et il est interdit d’assécher les zones humides.
Concrètement il faut de tout urgence reconstruire les ouvrages détruits depuis 20 ans et en construire d’autres : pour compenser les prélèvements dans les nappes phréatiques (et donc ne pas épuiser les nappes l’été) chaque bassin versant doit avoir un volume d’eau de surface équivalent à la consommation humaine (potable, industrie et nucléaire) plus le volume d’eau nécessaire à la végétalisation des surfaces l’été (villes et campagnes) c’est à dire 2000m3 à l’hectare ou 4000m3 à l’hectare pour le maraichage (globalement une surface végétale a besoin de 200l d’eau par m2 l’été et deux fois plus pour les fruits et légumes qui sont composés à 90% d’eau ).